Tu veux bien être la deuxième?

Ce dimanche a été bien rempli. Les photos des mamans et les déclarations d'amour ont envahi les réseaux sociaux. La France a voté massivement pour l'extrême-droite aux européennes suscitant l'émoi chez la plupart des immigrés "Faut-il plier bagage?". Et moi, ce dimanche, je n'ai fait que rester affalée à manger et à lire des magasines tandis que ma copine C nourrissait mon seum en m'envoyant ses photos de vacances au Sénégal.

C'est ainsi que feuilletant le Elle, je suis tombée sur un article bien intéressant tant sur le sujet que sur le ton: Un mari pour deux. Leurs journalistes ont fait un reportage sur le mariage polygamique au Sénégal.

Quand j'ai vu le titre, je m'attendais à un article féministe sur l'horreur de cette pratique et la difficulté pour les femmes de vivre dans de tels foyers. L'article commente peu, juge peu. Il donne la parole à des sénégalaises éduquées, à des psychologues, à des écrivains. Ces femmes ne se plaignent pas. Elles considèrent qu'il est normal et pratique de partager son mari. En effet, selon elles, l'homme sénégalais est un bébé (comme tous les hommes?) dont il faut s'occuper en permanence. Partager les jours et les tâches permettraient d'être la femme parfaite une moitié de la semaine et une working girl au point le reste du temps.

Les spécialistes pensent eux, que l'acceptation de cette pratique vient plus du fait que la rumeur veut qu'il y ait plus d'hommes au Sénégal que de femmes. C'est donc pure charité que de libérer certaines femmes du célibat. De plus, les femmes font de plus en plus de longues études et ont du mal à trouver des maris. La femme instruite est réputée effrontée. Cependant, la femme non-mariée à 30 ans est pointée du doigt. "Est-ce qu'elle est normale?" Il faut se marier à tout prix quitte à accepter n'importe quoi.

Je n'ai rien contre les foyers polygamiques. Certes, très souvent, on entend parler des dégâts que causent les rivalités entre coépouses mais j'ai connu des enfants très heureux et des mamans qui s'en accommodaient. Je ne supporterais cependant pas ce type de mariage. Je ne supporterais pas de partager sous prétexte que tôt ou tard,il ira dehors et qu'il vaut mieux que ce soit fait dans la légalité. Loin d'être féministe, j'ai le sentiment qu'on accorde un super pouvoir à l'homme au détriment des sentiments de la femme. C'est bien beau d'avoir du temps mais qu'est-ce que ça fait de voir celui qu'on aime sortir pour aller en voir une autre officielle ou non?

L'article ne donne la parole qu'aux deuxièmes épouses ou aux aspirantes deuxièmes épouses. Il explique même d'ailleurs à la fin que la première n'est très souvent mise au courant que quand l'union est déjà scellée. On a déjà notre très chère Olivia Pope (je suis la première à la défendre. C'est une femme amoureuse mais...) qui nous vend la possibilité de rester la seconde et de vivre la passion. On a la recrudescence des sites de rencontre adultérins. Ce ne sont pas des villageoises non-éduquées fraîchement sorties de leurs brousses qui cautionnent, ce sont des femmes qui ont accès à l'information, la culture. Quid de la solidarité féminine? 

Et toi, veux-tu être la deuxième? Comment réagiras-tu quand il y en aura une troisième?