6 mai 2014

Comme Maman

Ce week-end, je discutais avec le chéri d'estime de soi et de style vestimentaire. On parlait de mon changement de ces dernières années. J'ai perdu mon côté original (selon moi), extravagant (selon lui). Je me mémérise, j'oublie les plateformes, ma mère valide mes sandales à talon et mes escarpins à bouts pointus, mes couleurs se neutralisent, mes coiffures se raccourcissent. J'en suis venue à la conclusion qu'en vieillissant, je reprend les mêmes goûts que ma mère.



Petit, j'étais une grande perche mal assurée sur ses longues jambes. Je préférais largement les pantalons aux robes et c'était la guerre perpétuelle avec ma mère lorsqu'il fallait aller à l'église ou aux anniversaires des camarades. Naturellement, elle gagnait toujours, les photos de moi en robe ballon et col Claudine sont là pour en attester. Quand je suis rentrée en sixième, je ne rêvais que de mini-tricot (le crop top que mes parents ne voulaient évidemment pas que je porte et que je peux aujourd'hui saigner allègrement... Quand ils ne sont pas là) et de baggy, je ne voulais que des baskets. Je voulais être différente des copines trop "sexuées" qui parlaient de petits-amis, de seins qui poussent et de ragnagnas à longueur de journée. J'écrivais mes poèmes de fille incomprise en repoussant toute éventuelle avance masculine, je ne voulais pas être une fille, encore moins une femme. Après le bac, ce fut l'envol. Piercing des oreilles. Looks extravagants. Libérée de la tenue scolaire que j'étais obligée de porter au secondaire, je me suis lâchée! Ne cherchez pas les photos, je signale toutes les publications de cette époque. Couleurs flashy, shorts trop courts, cheveux sans cesse coiffés en bananes bizarres. Très loin du style BCBG de ma mère a.k.a. L’élégance à la française.  J'ai tout essayé sous le regard amusé de papa qui se moquait de ma démarche en talons et l’inquiétude de maman de me voir déambuler dans de pareilles tenues.

J'avais déjà observé le phénomène chez ma grande-sœur. Elle s'est mise à acheter un certain âge, les mêmes ballerines beige et noir que ma mère. Pour situer le contexte, ma grand-mère est une ex-couturière qui a travaillé pendant un certain temps en France, elle a légué à ma mère cet amour inconditionnel pour le vêtement bien coupé. Ma mère collectionne les chaussures et les sacs Chanel. La moitié se ressemble mais n'allez pas le lui dire. Une coupe classique, c'est indémodable, vous dira-t-elle. Et même si elle achète une centième robe droite noire, c'est parce que c'est classique et beau. Je les regardais toujours, amusée, parler avec ma soeur de coupes, de couleurs (si on peut appeler ça ainsi) et de perles... Hier, je me suis dirigée spontanément vers un collier de perles et j'ai compris que j'étais devenue comme elles. Les quelques tests sur les sites féminins sur le style n'ont fait que me le confirmer (oui, j'ai couru en faire) Je suis "classique". Je pensais pourtant sortir des clous mais ça c'était avant.

Je ne mets plus que très peu ces chaussures à plateformes que j'affectionnais tant et que je m'étais procurée dans toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Sandales à talon et escarpins à bouts pointus sont mon nouveau dada. Ma grande-sœur approuve même mes choix de chaussures, c'est vous dire! Amoureuse du bleu que je suis, je ne suis pas encore atteinte par la beigeomania familiale mais je suis les traces. C'est marrant de me dire que je me suis cherchée pendant longtemps pour autant me rapprocher du style de ma mère. Décidée à en finir avec la période "robe de chambre-cheveux en bataille-crocs rose bonbon", je me suis mise en tête de reprendre soin de moi et d'être la jeune fille soignée que mes parents ont bien voulu élever. Aujourd'hui, alors que je définis l'image que j'aimerais renvoyer, je ne vois que des choses atemporelles, des choses que je pourrais mettre dans 10 ans. Sexy May-Si ressort encore de temps en temps avec son crop top ou son short. Quelques fantaisies ci et là jonchent mon esprit mais j'ai résolument pris la même voie que ma mère.

Ça y est maman, je crois que tu peux commencer à me léguer les sacs et les blazers. 7 filles! Si on prend toutes un peu de toi, je préfère me positionner déjà sur les affaires que je veux avant que les autres n'opèrent leur transformation en toi. Apparemment, c'est contagieux.

1 commentaire :

Dites moi tout. Qu'avez-vous pensé de cette may-sitation?