* A ces vrais fous rires, à ces coups de foudre, à ces larmes, aux moments vrais partagés ou non. *
Un jour, un ami à moi (à qui je ne parle malheureusement plus aujourd'hui) m'a dit "May-Si, tu écris bien. J'aime beaucoup ta plume mais on sent que tu te retiens. Parfois, j'ai l'impression que tu parles de toi mais tu t’arrêtes pour ne pas trop t'ouvrir." Il avait sûrement raison. A certains moments, je me relis et je vois avec quelle facilité, je quitte le "je" pour le "on". "On", pronom indéfini, ça peut être vous, moi, nous ou personne. De même, A. me faisait remarquer en me faisant répéter pour ma soutenance que j'utilisais le "nous" pour des choses que j'avais faites et qui me concernait. Nous de politesse, lui rétorquais-je mais au fond, il avait lui aussi raison. L'une de mes grandes peurs dans la vie, c'est de laisser quelqu'un savoir tout de moi, d'en montrer trop. J'ai trop peur de perdre le contrôle parce que rien ne se perd jamais vraiment et que n'avoir plus le contrôle, c'est le laisser à quelqu'un d'autre. Quelqu'un qui saurait comment vous faire rire, pleurer de joie ou de douleur. Quelqu'un qui maîtriserait mes émotions.
Je vous entends d'ici dire combien c'est bête, que je devrais arrêter de réfléchir et vivre le moment. Ça a l'air tellement facile mais j'y arrive difficilement. Il est rare de me voir partager les euphories collectives ou les moments de tristesse. Je ne sais d'ailleurs pas comment réagir face aux émotions des autres. Je ne trouve pas les mots, moi qui suis si prolixe. Je n'y arrive pas. Quand quelqu'un que j'aime/apprécie est en larmes, je me contente souvent de l'écouter, de le/la prendre dans mes bras. Ce sont des moments trop sensibles où pour moi, la personne ouvre une brèche, une grande brèche dans son intimité. Je m'efforce de ne pleurer, de ne vraiment montrer l'étendue de ma douleur qu'à ceux que j'aime.
Parfois, je croise une lectrice du blog qui me dit qu'elle aime bien ce que je fais et la plupart du temps, j'ai un sourire hébété. Pas que ça ne me touche pas. Justement, ça me touche trop et sur le moment, je ne sais comment réagir. En soirée, je participe rarement à l'euphorie collective... Même bourrée. Alors, ils lancent la musique de chez moi et m'obligent à me lever. Avant, je le faisais de bon cœur. Maintenant, je préfère regarder de loin. La fille qui énerve en soirée, celle qui reste assise. Le pire, ce sont les comédies. Je souris quand tous éclatent de rire, tout dans le contrôle, ce qui énerve A.
J'ai les yeux humides quand je vois mes sœurs jouer au piano, quand je vois non plus Mlle mais Dr sur le courrier de ma grande-sœur, quand je lis ou écoute une belle oeuvre. Je ris pour de vrai quand je fais confiance; je fais des blagues, je fais des sauts de biche, la folle, loin du côté guindé façon Marie Simone.
Par contre, quand je perds pieds, les larmes coulent sans s'arrêter. Personne ne comprend bien souvent que je pleure pour toutes les fois où j'ai préféré être sarcastique que faible. Quand la brèche s'ouvre, elle fait sortir tout, même les choses les plus enfouies. Comment expliquer que je me rappelle en même temps d'un moment pareil au collège ou au primaire?
Alors, je ne demande à personne de comprendre parce que ça fait mal de ne pas être compris. Mes proches sont fatigués de me voir m'éloigner quand je vais mal mais ils ne comprennent pas et ce n'est pas de leur faute. Quand quelqu'un comprend pourquoi je ris ou pleure, ça me touche... Beaucoup. Un jour, j'ai eu un coup de foudre amical, quelqu'un qui m'a vu comme personne ne me verra jamais. Quelqu'un qui comprenait. Les circonstances de la vie ont mis de la distance entre nous et ça m'a permis de comprendre que les gens ne sont pas faits pour s'emboîter parfaitement. Il faut avoir des sensibilités différentes pour apprendre l'un, l'autre.
A chaque fou rire, j'ai l'impression de voir l'enfant dans les yeux rieurs. A chaque larme, j'ai l'impression de voir la grande personne fondre. J'aimerais apprendre à me lâcher, à rire sans réfléchir, à partager l'émotion sans avoir peur de trop montrer. C'est tellement sensible, les émotions...
Dis moi ce qui te touche, je te dirai qui tu es.
C'est beau, poétique, agréable à lire...
RépondreSupprimerJe te dirais "Let it be, let it go". Ne te bride pas pour quelqu'un ou parce que ça ne rentre pas dans la norme statistique.
Les gos qui passent leur temps assises en soirée me dépassent, mais au fond elles font ce qu'elles veulent... Que ça me plaise ou non.
@mudaa i pastoa La prochaine fois que tu verras une fille qui ne danse pas en soirée, tu te diras que peut-être, elle est trop timide et qu'elle ne sait pas comment participer. lol
RépondreSupprimerJ'essaye de "let it be" mais à trop avoir pris l'habitude de contrôler, je ne suis pas sûre de savoir comment on fait.