3 janv. 2017

Un fil...



La vie ne tient qu'à un fil. Cette expression n'a jamais pris autant son sens que ces derniers jours pour moi. Le 31 décembre, alors que nous préparions nos plus belles tables et tenues, ma tante s'en est allée...


Le 23 septembre, lors de son dernier séjour en région parisienne, je décidais de braver la distance et d'aller la voir chez sa fille, ma cousine. Toutes mes sœurs vivant en France étaient rentrées au Cameroun pour le baptême de mon neveu. J'avais ce besoin indicible d'être en famille. 1h30 plus tard, j'étais dans le coin lointain où habite ma cousine. Ma tante était là, tout sourire. Ça devait faire 3, 4 peut-être 5 ans qu'on ne s'était pas vues. Elle m'a proposé des chips de plantain et des arachides au caramel. On a discuté, discuté...

Lorsque j'étais petite, on allait tout le temps chez elle. On jouait avec mes cousines, on faisait semblant de cuisiner des herbes et des feuilles dans son jardin. Elle nous laissait parfois cuisiner sous la surveillance des plus grandes. Mes parents se sont plus ou moins rencontrés grâce à elle. C'était ma marraine de baptême.

La vie n'a pas toujours été facile avec elle. De péripéties en péripéties, ma tante est parfois devenue l'ombre d'elle-même. Au fond de nous, gronde les regrets et les remords. Avons-nous toujours été là pour elle quand il le fallait? Avons nous tout fait pour l'aider à remonter la pente quand les choses n'allaient pas bien? Avons-nous jugé? Nous sommes-nous moqués? "Si je savais" vient bien souvent trop tard.

Ma tante avait le sourire et lors de cette dernière conversation, elle me parlait de rêves et de projets. Elle m'a encouragé à vivre pleinement et pas avoir peur de décevoir les autres. Elle m'a servi du nkui (un plat traditionnel camerounais). J'ai mangé de bon cœur, j'en ai même tellement mangé qu'elle en était étonnée. On a rigolé, je n'ai même pas vu le temps passer. On a fait cette photo d'elle et moi devant l'école de mes neveux. Elle avait changé de chaussures et mis des talons, elle tenait à être coquette.

Ces derniers posts facebook la montrent rayonnante. Elle goûtait la vie à pleines dents. Nos derniers messages WhatsApp sont joyeux. Je voudrais m'asseoir et demander au ciel pourquoi mais qui suis-je? Je voudrais consoler mes cousins, ma mère, ma grand-mère mais de nature si volubile ici, j'en perds mes mots.

Se poser des questions dans un pays où l'espérance de vie n'atteint pas 60 ans. Se poser des questions sur le temps que l'on accorde à nos familles, aux moments de joie, ces moments là que l'on devrait chérir plus que tout pour qu'ils durent à jamais.

Avant que je ne parte, elle m'a donné un paquet de bobines de fil à tresser du Cameroun. Ma touffe de nappy l'en a chaudement remerciée. Aujourd'hui, c'est ce qu'il me reste de ma tata, quelques photos, des souvenirs et du fil....

Chérissez tous les moments avec vos proches. Ne ratez jamais une occasion de leur dire que vous les aimez. La vie ne tient définitivement qu'à un fil.

1 commentaire :

  1. Toutes mes condoléances.
    Courage , perdre un être cher c'est pas toujours évident mais on fait avec et on se dit juste que là où la personne se trouve , elle se sentira mieux et nous gardera une place.
    😘

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