8 janv. 2017

Confidences






Un petit village du Cameroun. Une vieille dame. Un jeune homme. Une conversation sur une histoire enfouie. L'histoire d'un pays avec lequel ils ont chacun une histoire différente. 

Lui, est parti vivre en Occident, a les pieds là-bas mais le cœur et les racines chez lui. Elle, a vécu ce qu'on a appelé "les événements", les choses dont il ne fait pas parler. Lui, est considéré par ses frères comme un étranger. Elle, fait partie de ceux-là qui persistent encore à vivre au village, en brousse, loin de ce qu'ils appellent "La civilisation".

Un extrait de ce livre était apparu sur ma timeline Twitter (Merci @kapseek). J'étais choquée de ce qu'il racontait mais encore plus de ce que je n'en savais rien. Il y avait eu des camps de concentration dans mon pays, le Cameroun. Il y a à peine 60 ans, sous prétexte de nous "civiliser", certains s'autorisaient à nous maltraiter et tuer quiconque s'y opposait.



J'avais entendu parler de Ruben Um Nyobe, Félix Moumie et tous les héros de la résistance/l'indépendance à l'école mais peut-être trop tôt, peut-être pas assez. Je ne me souviens pas que ça ait éveillé en moi autant de peine mais surtout autant de patriotisme. Ils ont donné leurs vies pour nous donner une chance d'être dirigés par nous-mêmes, de faire valoir nos droits.

Les confidences de Ma Liga à Max Lobe sont dites d'un ton simple, parfois drôles. On croirait presque que l'histoire a été inventée. J'ai du mal à m'arrêter, à détacher mes yeux des pages. Je suis assise avec eux dans cette forêt. Je n'ai malheureusement pas de vin de palme, peut-être que c'est pour ça que je ne suis pas autant euphorique qu'eux. C'est grave! Le colon a tué, méprisé les droits de tous mais ce sont les résistants qui sont stigmatisés, appelés "maquisards" péjorativement.

Comment grandir sereinement quand on ne nous apprend pas ce qui a construit notre nation? Comment bâtir un sentiment d'appartenance quand on met de côté ceux qui savent La vérité? Ma Liga ne veut plus parler des "événements", trop de mauvais souvenirs, trop de peine, trop d'espoir perdu. Qui nous racontera encore ce qui s'est passé au Cameroun dans ces années-là? Qui nous dira La vérité sur cette indépendance qui a été tout sauf pacifique? Il y a eu une guerre au Cameroun. Il y a des stigmates. Comment avancer si on cache les cicatrices au lieu de s'en servir pour continuer?

Le style est simple. Les réalités d'un Cameroun qui a mal à son passé et pas assez confiance en son avenir sont racontées presque avec désinvolture. Max Lobe nous fait des confidences qu'on aimerait crier au monde. Un livre qu'on aimerait donner à chacun de ses proches. Des confidences qui ne devraient pas en être tant elles méritent d'être criées au monde.

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