6 juil. 2016

Lettre à mes cheveux naturels





Chers cheveux naturels,

On se connaît peu et assez mal. Pendant les premières années de ma vie, vous ne m'avez laissé que des souvenirs de douleur. Les rendez-vous entre le peigne et vous m'étaient insupportables. On a vite fait de vous couper pour mettre fin à mes cris.

Mes très chers cheveux, lorsqu'il a fallu que je sois une petite fille aux jolies tresses (comme les autres), votre naturel est redevenu un problème. Les peignes chauffants et autres "soufflages" de cheveux sont devenus mon lot mensuel. Je vous avais alors longs, touffus mais plus vraiment naturels. J’épargnais à la population mes cris et tout le monde était content.

Au lycée, je vous ai maltraités. L'adolescence, cette période ingrate où l'on se croit tout permis, où l'on se pense presque adulte. J'ai utilisé des produits défrisants de mauvaise qualité, vous privant de votre longueur. J'avais vite fait de défaire les tresses qui m'étaient imposées en semaine pour embrasser ma (presque) lisse crinière le week-end. Me pardonnerez-vous? Les brûlures du cuir chevelu? L'absence de soins? Les agressions répétées à la soude?

Très chers cheveux naturels, s'il avait fallu me pardonner, le début de ma période universitaire vous aurait convaincus de ne pas le faire. Les tresses qui vous faisaient tant pousser et moi, avions divorcé. Nous étions en incompatibilité. Je les ai remplacées par le fer à lisser. Tant de brushings sans protection adaptée, coloration, décoloration, recoloration. Vous en avez tant subi.

En réalité, je ne vous ai jamais vraiment détesté mais le peigne... Voyez-vous? Le peigne! Cet instrument de torture me hantait. Je me devais de l'éviter le plus possible, de l'éloigner de vous. J'en ai gardé un tic, un rictus de douleur dès lors qu'un peigne s'approche à moins de 5 cm de votre lieu d habitation. J'ai consenti à adopter les tresses plus par paresse qu'autre chose. Vous êtes si nombreux que les brushings étaient une épreuve d'endurance surtout pour qui vit vivait dans une région où il pleut beaucoup (Normandie, je t'aime quand même). Une fois par mois, je me suis pliée au rituel, en faisant presque une marque de fabrique, ces longues tresses jusqu'au bas du dos pour lesquelles je devais supplier/payer les gens.

Mes chers cheveux crépus,
Vous vous souvenez quand j'en ai eu marre et que j'ai tout coupé? Quelle libération. De courte durée! Je vous ai défrisés encore plus souvent pour ne pas perdre la forme de la coupe, je devais faire alliance avec le peigne et la brosse.... J'ai abandonné. J'ai arrêté de défriser. Les tresses ont été vos amies pendant un an. Puis, on m'a gracieusement offert un kit défrisant. Je pensais déjà à vous rendre votre naturel mais ça ne pouvait qu'être qu'un signe. Cette coiffure m'allait d'ailleurs très bien quand j'y pense.

Aujourd'hui, un an de tresses plus tard. Un an sans défrisant plus tard. Je vous rend votre naturel. J'espère être assez grande pour ne plus crier au moment des tresses. Mes différentes coiffeuses n'en diraient pas autant pourtant. Je tente la réconciliation avec le peigne et la brosse. C'est drôle de devoir apprendre à vivre avec un attribut avec lequel on est né. Certains jours, je vous trouve affreux. Vous perdez votre forme rapidement, consommez énormément d'eau, devenez tous petits riquiqui avec ce procédé magique nommé shrinkage.

Très chers cheveux naturels,
Je ne sais pas si je vous aime. Je ne sais pas si vous êtes en accord avec mon idée de la féminité. Je sais juste que vous êtes mon vrai moi et c'est déjà assez pour tenter de cohabiter.

1 commentaire :

  1. La lettre est jolie ��
    Tu leur as rendu leur liberté
    Eh oui je suis passée par là maintenant je suis contente et les cheveux aussi ���� elokiity.blogspot.com

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