La bonne personne

Parfois, je me promets de ne plus tendre la main, de ne plus prendre de nouvelles, de ne plus réconforter. Une voix (celle du binôme) me rappelle qu’un jour, j’ai été celle qui n’écrit pas, ne répond pas, ne retourne pas les attentions. Je me rappelle alors que j’ai eu besoin de gens qui n’abandonnaient pas, qui étaient bons même quand j’étais détestable.

C’est le énième message que j’envoie. C’est la énième réponse laconique que je reçois. J’accours dès que je vois un statut suspect. Les petits messages d’appel à l’aide déguisés en « je n’ai besoin de personne », je connais. Les cris expressifs qui récoltent des messages de « je serai toujours là pour toi » vite oubliés, je connais. Alors, j’accours, je mets la cape de la « bonne personne ». Pas parce que je suis la plus gentille ou la plus compréhensive mais parce que je suis passée par là, je connais.

Je n’ai pas le droit de dire « comme on ne me répond pas quand tout va bien, ne m’appelez plus quand ça va mal ». J’ai été celle qui poste quelques photos sur Instagram, des instants rares de bonheur qui contrastaient en tout avec le quotidien. Mais qui publie ses larmes sur les réseaux sociaux? J’ai espéré que les amis, les proches continuent d’essayer quand bien même, je tentais de les repousser de toutes les façons possibles.

Les plus beaux messages sont souvent venus d’inconnus ou de connaissances. Des gens qui, pourtant loin, ne se sont pas laissés berner par les faux sourires et les distances que j’ai voulu créer. Les petits « j’espère que tu vas bien, tu as disparu » qui te convainc que tu es utile, que quelqu’un te cherche, a besoin de toi.

Je m’en veux de penser une seule seconde à ne pas être la « bonne personne », à ne pas tendre la main. Les  bienfaits ont cela de bon qu’ils font du bien à l’âme au-delà de tous les mercis. Si quelqu’un autour de vous doute, publie peu ou alors des statuts tristes, montrez lui que vous êtes là, vous serez peut-être la bonne personne.