What happened Miss Simone?

"Birds flying high, you know how I feel. Sun in the sky, you know how I feel... ...It's a new day... It's a new dawn for me... And I'm feeling good"

On connaît tous la chanson qu'on ait entendu la version de Nina, celle d'un groupe de rock célèbre ou même le jingle de la pub. Nina Simone qui chante les nouveaux départs et le fait de se sentir bien. C'est un peu la bande originale d'un certain nombre de moments dans ma vie. Malheureusement, les gens qui nous procurent souvent le plus de bonheur sont celles qui souffrent le plus au plus profond d'elle. C'était le cas de Nina et c'est ce que raconte ce très beau documentaire de Netflix.

Le film, qui regorge d'archives jamais publiées de Nina, commence au festival de Montreux en Suisse en 1976 quand elle déclare ne plus jamais vouloir chanter de Jazz et explique que personne ne pourrait comprendre. Le titre du documentaire "what happened miss Simone" est une phrase de la célèbre poétesse Maya Angelou. La diva de la soul et du jazz qui chantait "O Lord, please don't let me be misunderstood" était fortement incomprise.

Nina Simone, de son vrai nom Eunice Kathleen Waymon (elle a choisi le pseudo Simone pour Simone de Beauvoir), voulait être pianiste classique. C'était son rêve depuis petite mais sa couleur de peau l'en a empêché. Elle se met à jouer et chanter dans des clubs, est repérée et c'est le début d'une grande carrière. Elle enchaîne les succès dans le monde mais il lui manque quelque chose. Nina s'engage pour les droits civiques de sa communauté. Elle décide d'utiliser sa voix et sa position pour soutenir ses pairs. Elle chante entre autres To be young, gifted and black. Elle a pris des positions publiques qu'elle a regrettées. Elle a négligé sa fille qu'elle a même souvent maltraitée et un jour, tout s'est cassé. A Montreux, ce jour là, Nina décide de tout arrêter. Elle écrit une lettre à son mari, s'enfuit aux barbades puis sous les conseils de Myriam Makeba au Libéria. Elle reviendra plus tard vivre en Suisse, puis en France.

Elle avait tout pour elle. Elle était adulée, auréolée de succès mais elle n'avait pas ce qu'elle voulait. Elle n'avait pas réalisé son rêve de devenir pianiste. Elle pensait pouvoir changer le monde, donner une voix à tous les noirs qui n'auraient pas sa chance mais elle n'avait pas le pouvoir qu'elle pensait avoir. Avoir tout mais se sentir vide, impuissante. Lisa Simone a voulu que ce documentaire montre la réalité. Sa mère ne vivait pas dans un monde rose. On se demande si elle a été heureuse et puis on repense à son énorme sourire sur scène. Les peurs et les regrets de Nina ont surmonté la joie d'avoir la chance de vivre sa passion, d'avoir un mari et une fille qui l'aimaient. Sa chance, dans sa chute, ça a justement été l'amour de tous ses proches célèbres ou non. Sa fille parle de son enfance difficile presque avec poésie. 

Un encouragement à vivre sa vie à fond, à vivre sa passion sans se laisser avaler, à se battre pour ses convictions à son niveau sans attendre que le monde devienne meilleur d'un claquement de doigts. Vivre sans peur ni regret, profiter du voyage... Mais surtout s'entourer de gens qui nous aiment, qui nous pardonnent, nous acceptent et feront vivre notre mémoire longtemps après notre mort.

"I remember you was conflicted, misusing your influence

Sometimes I did the same, abusin' my power, full of resentment

Resentment that turned into a deep depression

Found myself screamin' in a hotel room

I didn't wanna self-destruct

The evils of Lucy were all around me

So I went runnin' for answers

...until I came home

- Kendrick Lamar