14 nov. 2014

Je ne sais pas pourquoi chante l'oiseau en cage

Détrompez-vous, je ne me suis pas trompée. Je sais très bien que la traduction du titre du célèbre livre de Maya Angelou "I now why the caged bird sings", c'est "Je sais pourquoi chante l'oiseau en cage". D'ailleurs, c'est écrit sur la première de couverture. Ma copine E. qui partage la même passion pour les livres que moi l'a acheté il y a quelques mois. Je n'ai pas pu attendre qu'elle le lise, je le lui ai emprunté alors E, si tu me lis, ferme les yeux, je vais spoilier parce que voilà, je ne sais toujours pas pourquoi chante l'oiseau en cage.




Si vous avez lu mon article "Dear Maya", vous savez que j'admire énormément la vie de cette femme. Je ne l'ai découvert que tardivement, ce qui a eu pour effet de provoquer en moi un déchirement à sa mort. C'est un peu ma mamie imaginaire. Malheureusement, à part les poèmes disponibles sur internet (still I rise étant mon préféré), je n'avais jamais lu de livre de ma mamie. Vous comprenez donc mon empressement à lire ce livre qui est son plus célèbre et qui m'a tant et tant été vanté.


Le décor ressemble un peu à celui d'un Richard Wright. Une Amérique ségrégationniste. Le Sud qui opprime les noirs et ne leur laisse que très peu de chances de réussir. Des parents qui divorcent et abandonnent un peu par la même leur rôle de parents. une chose est différente, Marguerite alias Maya, Rita, Rittie et j'en pense, vit avec son frère et sa grand-mère qui possède un commerce plutôt florissant.
*Je me permets de digresser une minute pour remarquer que les noirs américains pauvres de ces années-là avaient la présence d'esprit de ne pas faire beaucoup d'enfants qu'ils n'auraient pas su comment nourrir. *jette un regard en biais à tous ceux qui se complaisent à dire que le lit du pauvre est fécond pour justifier leur planning familial défectueux* Revenons à nos moutons.

La grand-mère de Maya est respectée par toute la ville de Stamps parce qu'elle a LE magasin de la ville et que c'est une femme droite et fière. Maya grandit entourée de l'amour de son frère. Plus tard, elle reverra son père qui ne l’impressionnera que par sa beauté et son langage pompeux et sa mère, une femme belle, usant parfois de ses charmes comme de son arme pour ne jamais se laisser marcher sur les pieds. 

Maya, élève brillante, mal dans sa peau parce que ne se sentant pas très belle, trop grande, pas assez comme les autres. Le début du livre me plaît bien car, comme vous le savez, j'ai beaucoup d'affection pour les mal-aimé(e)s. Maya est violée par le compagnon de sa mère. Elle a cette attitude là passive des gens qui ont besoin d'être aimés. Elle s'en veut de ce qui s'est passé parce qu'après tout, "elle l'a provoqué", c'est elle qui a voulu se blottir dans ses bras encore une fois et sentir à quel point il l'aimait. Elle perd sa virginité à 16 ans un peu de la même manière. Pour être comme tout le monde, elle choisit le plus beau garçon de son quartier et lui demande de la "monter". Elle en tombera enceinte et naturellement, il ne l'assumera pas. Dans le même ordre, elle se retrouvera prostituée dans un bordel "par amour".

Peinte comme ça, elle a l'air d'une belle idiote mais c'est tout le contraire. Marguerite Johnson est très intelligente et elle a la soif de s'instruire. elle lit beaucoup. Elle observe les clients dans la boutique de sa grand-mère. Elle observe les réactions des Blancs envers les Noirs. Elle compare les Noirs du Nord aux Noirs du Sud. Chacun de ses actes les plus naïfs a visé soit la satisfaction de sa curiosité, soit le bonheur de ceux qu'elle aime. Le but ultime étant d'avoir un bon foyer, une jolie maison bien décorée et plein de jouets pour son fils. A un moment de sa vie, elle a même tenu un bordel.

Maya est une survivante de la vie assurément et je n'ai pas manqué de me trouver des points communs avec elle ou de m'imaginer que je me comprenais mieux en lisant certaines de ses réactions. J'essaie toujours de rentrer dans le livre, ça me permet de m'édifier de la même façon que certains ont leur personnage préféré dans des séries. J'essaie toujours de trouver du "moi" dans ce que je lis un peu comme quand on nous demandait de dégager des leçons sur les fiches de lecture des livres au programme au collège.

Malgré tout ceci, je suis restée sur ma faim. J'ai tout bonnement tourné et retourné la dernière page au moins cinq fois pour être sûre que c'était vraiment fini. Ça se termine sur la conclusion que Maya est une fille bien et qu'elle ne devrait pas changer. Mais encore? En plus fille bien, fille bien -___- (je ne me considère pas comme une fille bien)

Oui, Maya est l'oiseau en cage. Oui, elle a continué de vivre mais avait-elle le choix? Je n'ai pas eu l'impression qu'elle se soit battue outre mesure. Enfin si, à aucun moment, elle ne s'est laissée stagner. Elle perdait son travail, en cherchait un nouveau quitte à changer de ville, de domaine d'activité. La multitude de ses vies à 19 ans le prouve. mais est-ce que l'oiseau a continué à chanter? Est-ce que Maya était heureuse? Tous ces choix amoureux douteux démontrent son instabilité affective. Elle a besoin d'être aimée.

J'ai été marquée par la mère et la grand-mère de Maya par contre. Sister Henderson (la grand-mère) est pleine de principes et elle s'y applique, elle se fait respecter par blancs comme noirs. Elle est aux petits soins pour les siens. Vivian Baxter, sa mère, est réputée pour sa beauté mais aussi pour son implacabilité. Elle est catégorique, il ne faut se laisser marcher sur les pieds par personne (c'est d'ailleurs pour ça qu'elle aura du mal à rester mariée) et il faut être le meilleur dans ce qu'on fait.

Maya... Je ne sais pas encore. Peut-être devrais-je lire ses autres livres... Tant que je serais noire... All God's children need travelling shoes... Un billet d'avion pour l'Afrique...

Vous l'avez lu? Vous avez aimé? Non? Je ne dirais pas que je n'ai pas aimé. Je n'ai pas été surprise. Je n'ai pas compris le titre. Quelqu'un saurait-il pourquoi l'oiseau en cage chante?

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