Disiz l'émotion

Les émotions. C'est ce qu'il nous reste quand les moments sont loin. On se rappelle de ces moments où on s'est senti bien. L'émotion d'un bon plat, d'un premier amour, d'une victoire... La musique est souvent liée aux émotions. On se rappelle de la berceuse que maman et papa nous chantaient petits, de celle qui passait en fond lors d'un goûter d'anniversaire qu'on a particulièrement aimé ou alors lors d'une soirée où l'on avait fait le mur et avions été rattrapés par un appel des parents.... Je digresse. Oups! Revenons à nos moutons, cet article parle d'adolescence, d'amour, de questionnement et de Disiz la Peste.

Comme je le faisais remarquer sur Instagram après le concert, j'ai une histoire particulière avec ce rappeur. Petite, mes oncles écoutaient MCM déblatérer des "je pète les plombs", une chanson pleine de "gros mots" qu'on n'avait pas le droit de dire. Préado, je découvre un joli métisse choco (il faudra que je vous raconte cette histoire de métisses un jour) qui chante avec un mignon "nébuleuse". Je me mets à rêver de me marier avec le fameux métisse qui n'est autre que Disiz, de m'habiller tout en blanc et de l'entendre chanter "nébuleuse". A l'époque, je pensais aussi finir mannequin ou chanteuse, ne m'en voulez pas.

Et puis Disiz se rapproche de ses racines sénégalaises, se met à chanter mbalax en fond qu'il s'appelle Sérigne Mbaye, accompagne Yannick Noah pour célébrer le métissage. Trop baba cool pour moi à l'époque. Mon futur mari de mes rêves et moi nous perdons de vue.  Je ne m'intéresse plus au rap, il sort des projets dont j'entends très peu parler. Un jour, je me mets à parler à quelqu'un qui semble comprendre mon questionnement constant sur la vie. Il me demande d'écouter "Spirales" de Disiz la Peste. La chanson s'ouvre sur ces paroles:

"T'as lu trop d'livres tristes, vu trop d'films gris

Tes amis disent que t'es aigri, mais c'est des choses qu'ils s'disent"

J'ai l'impression que Disiz me parle et que celui qui m'a envoyé cette chanson lit en moi. Je ne saurais sûrement jamais si cela ne faisait partie que d'une technique de drague très élaborée mais le fait est que ça a a marché. Alors qu'il me demande d'écouter Khadija, chanson d'amour de Disiz à sa femme, le refrain de Spirales reprend:

"Cette vie, j'y comprends que dalle

Et je tourne en boucles, en spirales"

Je suis touchée. La personne a vraiment écouté mes blablas de questionnement sur ma vie. Cette personne devient mon binôme, mon compagnon de vie. Quand parfois, il m'énerve, que je brûle de lui dire qu'il ne m'écoute jamais, qu'il n'est plus comme il était, je me rappelle de l'émotion ressentie en écoutant Spirales la première fois.

Ce soir là, alors que nous étions ensemble au concert, entourés de jeunes, vieux et moins vieux, j'ai ressenti la même émotion. Après avoir sauté sur les sons du nouvel album présentés en exclusivité, fredonné "je pète les plombs" (je m'autorise un ou deux gros mots maintenant) avec toute la salle, j'ai écouté Spirales en live. C'est alors que le deuxième couplet prend tout son sens. Si au début de cette chanson, Disiz se plaint et compte ses malheurs, la fin est drôlement joyeuse.

"Et t'es au centre d'une belle spirale, t'es heureux

Ton cercle est vertueux"

Bref, j'ai ressenti des émotions au concert de Disiz la Peste.