Quand j'étais petite, il y avait toujours quelqu'un pour sortir un "tu n'es pas la fille de Monsieur N?" Bien qu'étant ultra-fière de mon père, ça m'énervait. Alors qu'on avait presque tous l'habitude de s'appeler par nos noms de famille, je voulais qu'on m'appelle par mon prénom, quitte à accepter qu'on m'appelle juste Simone ou juste Marie. Je voulais être moi et à l'adolescence, j'ai beaucoup lutté pour me détacher complètement de l'image des autres de ma famille.
Récemment, je suis allée à une cérémonie. On m'a présentée deux à trois fois comme la fille de mon père, la fille de ma mère ou la sœur de l'autre. Bizarrement, je n'en ai pas été offusquée. je n'ai jamais autant été heureuse de ma famille. Arriver dans un milieu et partir avec un bagage positif parce que ceux là qui te précèdent, ceux-là dont tu portes le nom ont marqué positivement des gens.
On passe beaucoup de temps à vouloir se créer une image propre, une personnalité à nous, loin de tout ce que les parents ont voulu forger. Se créer une individualité. Nos parents, bons ou mauvais, sont souvent encombrants quand on atteint un certain âge. On arrête de les admirer et on questionne leurs choix. On voudrait être différents. Et même quand ils restent nos modèles, on voudrait faire mieux qu'eux. On voudrait prouver qu'on peut sans eux.
Lorsque j'ai commencé à écrire pour Inspire Afrika Magazine, la directrice de publication m'a dit qu'il fallait signer mes articles. Je devais arrêter de signer avec mon fameux "Marie Simone N." ou "May-Si N." Je savais déjà qu'il n'était pas très difficile de trouver mon nom entier mais j'avais l'impression de me séparer des autres qui portent le même patronyme. Aujourd'hui, je suis fière que le nom de mes parents (que mes enfants n'auront pas la chance de porter si j'en ai un jour) signe mon travail. L'oeuvre non pas des longues études que je me suis souvent sentie imposer mais plutôt de caractères héréditaires encouragés par les multiples lectures qui m'ont bercée.
J'aurais beau être Mlle N. sur les réseaux sociaux pour qu'on m'appelle par mon prénom, je suis fière d'être la fille de mes parents, je suis fière qu'ils me précèdent, je suis fière des soeurs que j'ai. Et quand bien même, je voudrais les renier, on se ressemble beaucoup trop pour ça.
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