credit: Guy Kouekam |
Ça fait deux, peut-être trois semaines que je tente d’écrire cet article. J’introduis, je commence et j’arrête tellement les idées se bousculent dans ma tête. Je me dis que je ne vous apprends rien et que de toute façon vous vous en foutez mais au point où on en est... le déclic de cette écriture a été le moment où j’ai du présenter des petits boutons suspects sur ma poitrine à la pharmacienne en lui expliquant que j’avais utilisé une lotion (achetée en supermarché) pour raffermir les seins.
Les moments de honte, j’en ai connu beaucoup. Bien que ce sentiment soit l’un de ceux que j’exècre le plus et qui m’atteint même quand c’est chez les autres, la honte est une vieille amie. On ne se fait malheureusement jamais à sa présence. Il se trouve qu’au final, les petits boutons suspects étaient juste des boutons de chaleur mais le regard de la pharmacienne et son avis non sollicité sur l’utilisation de cette lotion m’a plongée dans un état profond de honte.
J’avais traîné les pieds avant d’arriver là parce qu’il m’était difficile de devoir dire à demi-mot à une inconnue « J’ai allaité ma fille pendant onze mois. C’était génial!Par contre, mes seins ont pris un coup! Un gros coup! Une taille de bonnet en moins... une fermeté douteuse. C’est pas de ma faute. Je sais que ça ne marche pas les lotions avec des inscriptions dans des langues bizarres mais j’ai besoin de faire quelque chose pour réparer ça! »
J’ai eu plutôt de la chance avec ma fille. J’ai pris une dizaine de kilos pendant la grossesse et elle m’en a laissé cinq. Étant assez maigre avant, ça ne m’a pas dérangé. Ça et la poitrine voluptueuse, je me sentais comme Monica Bellucci. Pas vraiment de vergetures. Un ventre plat. J’évitais le débat sur le corps qui change après la grossesse parce que j’avais l’impression d’être mieux que les autres. J’aimais mon nouveau corps et si vous me lisez depuis assez longtemps, vous savez qu’il est rare que mon enveloppe corporelle et moi soyons en harmonie.
Le retour au Cameroun. L’arrêt (très) tardif de l’allaitement. La distance avec le binôme. J’ai perdu du poids, beaucoup de poids. Lorsque j’ai essayé ma tenue pour mon mariage traditionnel (dont je ne vous ai toujours pas parlé), je ne me suis pas reconnue. Je ne voulais plus être cette jeune fille maigre. En plus, la jeune fille maigre n’avait même plus la jolie poitrine pour donner le change. J’ai repris le sport pour la 104e fois de ma vie. Je surveille bien le fait d’atteindre un certain nombre de calories par jour. Je prends des compléments alimentaires pour rajouter des calories. J’achète des lotions pour mes seins. Je google des choses improbables.
Je me répète devant le miroir que c’est mon corps et que je dois l’accepter. Ces 11 mois d’allaitement, je les ai chéris. J’ai aimé le lien avec ma fille. Ce corps ne ressemble pas à celui que j’aimais mais c’est apparemment le mien. Je dois faire avec. Je dois me battre pour l’améliorer. Je ne dois pas en avoir honte mais ça, c’est une autre paire de manches.
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