A deux

Proooooouuut! Je viens de faire un gros pet sous la douche. J'hésite à sortir un "pardon" rapide pour m'excuser mais je continue de me laver l'air de rien. Je sais qu'il m'a entendue. Je l'entends quand lui le fait sous la douche. Entente tacite. Envers du décor de l'amour. C'est marrant la vie à deux.

Quand on a mis l'idée sur le tapis il y a un an, la plupart de mes copines qui vivaient déjà en couple, étaient sceptiques. C'était peut-être trop tôt. Il n'y a pas vraiment de plus-value. C'est la porte ouverte à la routine. Avec mes appréhensions personnelles sur le fait que nous n'étions pas formellement engagés, mon esprit bouillonnait... Et puis bon! Faut pas se mentir. Loyer commun ou pas, nous aurions passé le plus clair de notre temps ensemble. Autant avoir l'espace pour. On a sauté le pas.

Depuis un an donc, je vis avec mon binôme. S'il faut du temps et parfois de La distance pour se connaître, la proximité est la meilleure méthode pour connaître les défauts de l'autre. Fini le temps où lorsqu'on se voyait vite fait le week-end, chacun se montrait sous son meilleur jour (surtout moi). Je mets un point d'honneur à ne jamais aller aux toilettes chez les gens ou presque mais quand chez toi, c'est chez le binôme aussi, tu fais comment? Les premières semaines, je n'y allais que quand il n'était pas là. Ne riez pas, c'est dur ma vie de wannabe parfaite. Au bout d'un an, il arrive même à capter quand je me retiens et me vanne dessus. Le monsieur qui faisait des efforts pour ranger à chaque fois que je venais, laisse traîner ses chaussures, ne met pas les affaires où elles sont sensées être... quelle surprise! On s'imagine découvrir en priorité les pires des défauts: Les gens violentes, sales, impolies, méchantes... mais c'est surtout les petits défauts du quotidien qu'on voit et sur lesquels il faut faire des compromis. L'un aime parler beaucoup de sa journée le soir, l'autre ne réclame que le calme. L'un n'aime manger qu'africain, l'autre aime découvrir d'autres cultures. L'un se renferme quand il est énervé quand l'autre veut parler, ainsi de suite, ainsi de suite...

Il y a les jolies photos de brunch sur Instagram et puis, il y a les repas devant la télé sous fond de match de foot. Il y a les soirs où on se couche avec des envies de meurtre... et puis, il y a les matins où on est juste reconnaissant de se reveiller à côté de quelqu'un qu'on aime.

La peur de la routine fait plus de mal que la routine en elle-même. A trop vouloir fuir l'ennui, parfois, on en fait trop. Construire des habitudes à deux, c'est aussi ça qui construit la vie à deux. Toutes les choses qui vous manquent quand l'autre n'est pas là. L'émission de télé du mercredi, la série TV qu'on a commencé ensemble et qu'on n'ose plus regarder tout seul. Ce sont les habitudes qui crée la dépendance. Parce que oui, on dépend un peu l'un de l'autre. Parfois, ça fait peur, ça stresse. On est dans une société de l'indépendance à tout prix. Dépendre de l'autre, c'est un peu aussi ça l'aimer non!? On lui confie déjà notre cœur, on peut lui confier un peu de responsabilités en plus non!?

Le viens-on-reste? Ce n'est pas le schéma classique. Où sont donc les fiançailles? La dot? Le mariage? Au Cameroun, jamais, ô grand jamais, je n'y aurais pensé même l'espace d'une seconde. Je ne sais pas si c'est parce que je n'en avais pas la possibilité ou juste parce que le poids de la bienséance était juste au dessus de ma tête... toujours est-il que la plupart des couples que je connais en Occident, vivent ensemble, officiellement ou non. Va-t-on rester comme ça pour la vie? J'espère bien que non. J'espère bien qu'on n'oubliera pas les projets qui nous ont réunis dans ce même espace. La vie m'a longuement appris que le schéma que l'on se fixe, n'est pas forcément celui qui nous sied le plus, que (dans la limite des principes), les schémas sont nombreux et qu'il faut s'atteler à vivre heureux jusqu'à la destination.

Prooouuuuut!!! Je sors de ma rêverie, mon appareil digestif m'a encore trahie. Si il n'avait pas entendu la première fois, là, c'est sûr, il a entendu. Toute honte bue, je sors de l'eau. S'il ose me sortir une vanne, je sors le carnet de toutes les fois où j'ai respecté l'accord tacite du pet. Il niera et on en rira... Demain, quand on se déchirera pour x ou y, j'espère pouvoir revenir sur ce blog lire ces histoires de pet et me rappeler pourquoi tout a commencé... Le pourquoi de cette vie à deux.