25 févr. 2015

La saison de l'ombre



On nous a parlé de l'esclavage à l'école. On se fait tous une idée de comment ça devait être dur d'être arraché à sa terre, d'être enchaîné et enfermé dans la cale d'un bateau, de voir certains des siens mourir puis finir à l'autre bout du monde pour travailler sans cesse. Avez-vous déjà essayé d'entrer dans la tête de ceux qui avaient des contacts avec les esclavagistes pour la première fois? Qu'ont vécu ces peuples pacifistes qui ne connaissaient que leurs voisins directs?


Je n'avais pas lu le résumé du livre ni même la quatrième de couverture. Je suis rentrée directement dans l'histoire de ce peuple et de ces femmes surtout qui se voient arrachés des enfants sans explication. L'explication, ils la cherchent, ils accusent, prient, cherchent mais le ciel semble les avoir oublié. Certains vont donc décider de sortir de leur zone de confort pour aller explorer à la recherche des réponses.


J'ai beaucoup aimé le style d'écriture de Léonora Miano. J'ai pu à chaque fois me projeter, imaginer, me voir dans la scène. Une sorte de conte moderne. J'ai senti l'auteure féministe pour la part belle qu'elle a donné à ces héroïnes qui portent le poids de la société mais sont trop souvent mises en accusation quand les choses ne marchent pas ou mises de côté lorsqu'il faut savourer la victoire. Je n'ai pas senti l'âme revancharde qu'il peut y avoir dans les écrits de ceux qui ont vécu cette époque-là. Elle relate les faits sans parti pris.

J'en ai voulu à ceux-là qui ont vendu leurs "frères" sous prétexte que ce n'était pas la même tribu. Parce qu'ils voulaient des honneurs. Je me suis demandé s'ils avaient eu le choix. Que serait-il advenu d'eux s'ils avaient osé dire "non"? Faut-il sauver sa peau au péril de celles de ceux qui nous entourent?

Leonora Miano est lucide. Parfois, le style littéraire est un peu pompeux mais ça se lit facilement. La conclusion laisse le choix à chacun de ce qu'il veut retenir. J'ai retenu l'espoir, l'union.

Et vous, avez-vous déjà lu Léonora Miano?

2 commentaires :

  1. Hey!

    Intéressante lecture encore une fois. Comme je te l'avais dit, elle est une auteure incroyable.

    J'aime particulièrement ses livres à cause de la façon dont elle aborde les histoires. Il n'y a pas d'accusations, juste des faits. Fictifs ou réels peu importe, elle se fait chantre d'une histoire qui mérite d'être dite, d'une époque, d'un peuple, des êtres humains.

    D'après moi, ce livre n'est pas fait pour qu'on se demande qui a vendu qui, mais pour qu'on mette en perspective nos acquis historiques. Qu'on se demande sans cesse où est l'histoire, quelle est l'histoire. Y'a t-il une seule vérité? Qui sont les témoins des autres histoires? Bref. Juste pour dire qu'il nous faut avoir la mesure de toutes les composantes avant de condamner, peut-être avant même de pardonner.

    J'ai retenu de ce livre la douleur. J'ai eu un vif rappel de ce qu'une histoire abordée dans un sens est le début de la perte d'un peuple, d'une culture. Et qu'un chose dans le style se répétera toujours. Ça me fait penser au jeu vidéo Aurion de Kiroo Games. L'histoire est presque la même. Le beau frère du prince qui trahit le village et fait des affaires avec les étrangers. Mais le beau frère défend la thèse selon laquelle le village ne peut pas rester éternellement isolé. Ce qui n'est pas faux non plus. Quelques fois, l'histoire est une affaire de perspectives, de vision, et de but ultime. Encore une fois il faut des gens pour raconter tous ses pans de la même histoire.


    PS: J'aime bien les noms qu'elle utilise... :D

    J.

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  2. Je ne peux rien ajouter à ton commentaire tellement il est complet. Merci @cissy_jem

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